Des conservateurs de tout l'hexagone au chevet des collections de l'Inguimbertine

Inguimbertine

La collection de l'Inguimbertine a un intérêt national et international reconnu comme le démontrent les nombreux prêts d'œuvres à de multiples institutions parfois prestigieuses. Des partenariats tout aussi remarquables sont noués dans le cadre de la formation professionnelle des conservateurs-restaurateurs du patrimoine.

Des élèves des meilleurs écoles de France

Lors de cette année 2023, trois œuvres de la bibliothèque et du musée font et feront l'objet d'étude et de traitement par des élèves restaurateurs de deux organismes de formations réputés : l'Institut National du Patrimoine et l'École Supérieure d'Art d'Avignon, tous deux habilités pour la formation aux métiers de la conservation/restauration, décernant des diplômes autorisant les lauréats à intervenir sur les collections des musées de France.

Clara Ferrand, dans le cadre de son mémoire de fin de cycle à l'Institut national du patrimoine basé à Aubervilliers, a choisi de travailler sur un manuscrit de l'Inguimbertine du XVe siècle, Le Roman de Mélusine, version versifiée attribuée à Coudrette (écrivain du Moyen Âge, auteur de ce roman en vers octosyllabiques consacré à la légende de la fée Mélusine). Composé de 120 feuilles de papier, ce recueil est doté d'une belle reliure en cuir sur ais de bois ornée de motifs géométriques gaufrés. Trois feuillets ont reçu de fins décors floraux enluminés. Déposé depuis septembre 2022 dans les locaux de l'Institut National du Patrimoine, ce manuscrit fait l'objet d'études sur les matériaux constitutifs (papier, cuir, pigments) et d'un constat d'état détaillé analysant les dégradations et leurs causes. Sur ces bases, l'Inguimbertine, l'élève restauratrice et les enseignants ont défini des objectifs de traitement pour assurer la bonne conservation de l'ouvrage et sa présentation et décidé d'un protocole. La restauration devrait être achevée avant septembre 2023, à la date de la soutenance du mémoire de fin de cycle qui synthétisera l'ensemble d'une année de travail sur l'étude historique de l'ouvrage, son analyse matérielle et les traitements effectués.

C'est un tout autre objet qu'a choisi Coline Pas-sis, dans le cadre de son mémoire de fin de cycle à l'École Supérieure d'Art d'Avignon. Souhaitant se spécialiser dans les objets composites et ethnographiques, c'est une ombrelle de l'Asie sud-orientale qu'elle étudie et restaure. Outre l'originalité des matériaux (bambou, papier huilé), c'est leur mise en œuvre qui doit être étudiée et bien comprise pour pouvoir proposer puis réaliser un traitement assurant la pérennité et la lisibilité de cette ombrelle donnée au musée en 1852 par Denis Bonnet, professeur de dessin au collège de Carpentras.

C'est un objet tout aussi insolite qu'étudie actuellement Diane Cusin, dans le cadre de son mémoire de 3ème année à l'École Supérieure d'Art d'Avignon. Il s'agit d'un recueil manuscrit asiatique, composé de 34 feuilles de latanier, reliées par de simples fils et protégés par deux plats en bois. L'objectif du mémoire est d'étudier ce document, d'en comprendre le contenu, le contexte civilisationnel, son histoire jusqu'à son entrée dans la collection de Carpentras. L'analyse matérielle complètera ce travail universitaire avec un constat d'état détaillé. La restauration de ce recueil asiatique pourra alors être envisagé dans le cadre de la 4ème et dernière année de formation qui permet à l'étudiant de pouvoir intervenir sur un bien patrimonial, sous le contrôle des enseignants et de l'institution propriétaire.