Des moments de partage, d'apprentissage et de concentration à l'Inguimbertine

Il se passe toujours beaucoup de choses à la bibliothèque-musée et nous avons voulu vous le prouver ! Avec des ateliers pour les enfantsdes centres d'animation, des rencontres intergénérationelles mais aussi et surtout des professionnels de la conservation qui se relayent auchevet des oeuvres, l'hôtel-Dieu ne dort jamais !

Des ateliers pour découvrir les nouvelles acquisitions

L'association Art & Vie fait régulièrement venir des groupes d'adolescents à qui nous permettons de découvrir les nouvelles oeuvres en exclusivité. Ils sont escortés dans les réserves du musée, un endroit plein de mystère et interdits aux quidams. Sur place ils peuvent observer la chambre d'anoxie.Le traitement par anoxie (suppression de l'oxygène dans l'air) permet de traiter tous types d'oeuvres d'art ou d'archives papier de manière curative (meubles anciens, dorures, tableaux...) contre les insectes xylophages. Ce traitement prévient le développement des insectes, des larves et des oeufs qui peuvent être présents.Les jeunes arrivent ensuite dans le bureau de la régisseuse et sont entourés de statues, de tableaux et de papiers anciens. Ils sont invités à observer une oeuvre dans le détail et même à la toucher avec des gants pour la déplacer et ainsi récolter les infos nécessaires à son entrée dans l'inventaire.On leur demande en fait de faire un " constat d'état " : il s'agit de décrire très précisément l'état de conservation de l'oeuvre lors de son entrée dans la collection. On note toutes les altérations qu'elle présente, telles que les cassures, les déchirures, les salissures... Ce premier constat sert de référence : il permettra de savoir à l'avenir si l'état de l'oeuvre est stable ou si elle se détériore. Les jeunes ressortent de cet atelier avec des connaissances et le souvenir d'un accès privilégié à la culture, au plus près des coulisses d'un musée.

Des rencontres inoubliables entre générations

En juin dernier a eu lieu une visite intergénérationelle de l'exposition Divina Natura. Un réel moment de partage entre des résidents de l'EHPAD La Lègue et des écoliers de Nord B. Accueillis par une médiatrice du patrimoine, le groupe a d'abord été briefé sur le parcours de l'exposition et la possibilité, ou plutôt l'invitation originale, à manipuler tout ce qui se trouvait dans la pièce. Et ce fut un succès !Il est toujours très émouvant de voir à quel point le contact se fait facilement entre les séniors et les enfants. Dans la salle d'exposition, ils évoluaient par petits groupes et la complicité s'est tout de suite mise en place. Chacun y allait de son commentaire et tous ont touché les reproductions d'oeuvres, le but ultime de cette exposition interactive.

Des conservateurs au service des oeuvres

Dans les salles réservées au personnel de L'Inguimbertine on les imagine concentrés et surtout très méticuleux. Et c'est exactement le cas, comme le prouve notamment la photo plus haut à droite de Fanny Dallancourt, formée à la Sorbonne et spécialisée dans la conservation-restauration du patrimoine métallique, que l'on voit ici penchée sur un miroir gallo-romain. Équipée de lunettes grossissantes et surtout protégée par un masque et un aspirateur pour éviter toute inhalation, elle s'est occupée de faire des dégagements de surface afin de retrouver l'apparence d'origine sur cet objet trouvé dans un contexte funéraire. Ayant subi une altération importante par le feu, les pièces de cette série ont demandé un traitement bien particulier pour notamment supprimer les traces de graminées minéralisées (croûte de corrosion). Dans d'autres cas il s'agit de résidus de textiles restés en contact prolongé avec l'alliage cuivreux, soit de laiton ou de bronze, recouvert d'une pellicule d'argent puis poli avant l'enfouissement. Attention, pas question d'altérer ces objets trouvés à Mormoiron et Modène et qu'ils perdent un morceau de leur histoire. Il faut jongler entre des méthodes mécaniques (fraises diamantées), manuelles (brosses) et chimiques (des solutions complexantes pour capter les ions de cuivre des produits de corrosion comme l'éthanol) pour trouver le juste équilibre. D'autres conservateurs ont pris la suite de Mme Dallancourt pour s'occuper d'une chaise à porteurs en bois. Une toute autre méthode a été nécessaire ! Il a fallu tout d'abord décrasser, puis traiter les déchirures de la toile, retirer les anciens repeints, compléter les lacunes ou encore faire des retouches picturales ! Qui plus est sur cet objet il a été indispensable de former un groupement de restaurateurs adaptés ; un restaurateur textile, un restaurateur pour la couche picturale et un spécialiste bois et dorures. Ils ont travaillé de concert pendant 25 jours sur cet objet qui sera présenté lors de la réouverture du musée.