Dans le cadre du transfert de l’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu, vous avez pu découvrir l’espace de lecture publique dans lequel des pièces de musée ornent les murs. Alors que la tranche 1B ouvre au public et que des animations de Noëls Insolites se sont tenues dans ses murs, les équipes préparent la tranche 2 du chantier. L’aménagement mettra en valeur les collections patrimoniales et muséales de l’Inguimbertine, avec plus de 600 oeuvres et objets en exposition permanente. Avant cela, la restauration des collections doit être engagée.

Coup de projecteur sur « l’Adoration des Mages »

La restauration de L’Adoration des Mages, oeuvre majeure de la fin du Moyen-Âge, constituera un des points forts du chantier. Cette huile sur bois, de très grand format accrochée depuis 1887 au deuxième étage du musée Comtadin-Duplessis vient d’être décrochée de son emplacement par les équipes du musée et les agents du service logistique de la Ville. Elle a fait l’objet d’une étude préalable en vue de sa restauration fondamentale, sous le contrôle d’un comité scientifique, composé de spécialistes de la peinture primitive en France. Elle est partie pour plusieurs mois à Marseille dans les ateliers du Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP).

Avant le transfert de cette oeuvre, Danièle Amoroso conservatrice restauratrice, est intervenue sur le tableau. Des photos de l’oeuvre avant intervention ont été réalisées pour attester de l’état de la peinture. La conservatrice a ensuite collé du papier en surface aux endroits où la couche picturale se décolle et ainsi éviter une plus grande dégradation de l’objet.

Une étude est faite avant restauration avec détermination de l’état de conservation et test de nettoyage. Celui-ci permet de voir où l’oeuvre a été repeinte, quel est l’état de la couche inférieure et ce qui a motivé la précédente restauration. Cette étude visant à obtenir une meilleure connaissance de l’oeuvre, s’appuie sur un dossier composé d’images scientifiques permettant de situer où la peinture est altérée. Il permettra de réaliser un cahier des charges pour la restauration.

À Marseille et in situ

L’adoration des mages est partie à Marseille au CICRP accompagnée de onze tableaux, deux huiles sur bois, une huile sur cuivre et de deux très grands dessins. Ils feront tous l’objet d’études et restaurations.

Dans ce même temps sont restaurés sur place, au coeur du musée Comtadin-Duplessis, 17 sculptures en plâtre et 3 mousquets. Les sculptures servaient d’objet d’étude pour des cours de dessin et seront exposées toutes dans une même vitrine du musée. Les mousquets sont des armes qui se trouvaient auprès des instances dirigeantes de la ville et qui permettaient de se défendre en cas d’attaque militaire. Ces objets, lourds et encombrants, sont rarement exposés, ils prendront place au musée.

Au coeur du chantier

Danièle Amoroso
Conservatrice Restauratrice
Atelier Amoroso-Waldeis

En quoi consiste votre travail ?
J’interviens sur la conservation et la restauration d’oeuvres peintes sur bois, sur toile, ou sur d’autres matériaux plus rares comme le cuivre. Je dirige un atelier à Villeneuve-lez-Avignon avec trois conservatrices restauratrices.

Qu’est-ce qui en fait sa spécificité ?
Quand nous intervenons sur une oeuvre à traiter, nous travaillons sur quatre phases d’intervention. Dans un premier temps, il faut réaliser un diagnostic pour constater l’état de l’oeuvre, comprendre les altérations qu’elle a subi et proposer une intervention. Des mesures de conservation sont ensuite prises dans le but d’éviter la détérioration de l’oeuvre puis celle-ci est restaurée. La restauration est la remise en état de présentation. Dans un dernier temps, un dossier est rendu, il dresse le constat des différentes interventions, de leurs objectifs et est accompagné de photos.

Êtes-vous déjà intervenue sur ce chantier ?
Il y a deux ans nous avons traité une série d’huiles sur toile de Paul Saïn, maintenant accrochées dans la bibliothèque. C’est une peinture locale, de qualité, où l’on reconnaît bien les paysages et les atmosphères d’ici. Je les ai vu l’été dernier en famille. C’est intéressant de voir le bâtiment revivre de cette façon, que les collections de l’Inguimbertine soient remises en état et présentées ainsi au public.

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