Christian Guémy Alias C215

Information générale - Vie citoyenne

Ce « street artiste » de Vitry-sur-Seine, commune du Grand Paris, est tombé sous le charme de Carpentras. Il nous a déjà offert, entre autres, une œuvre d’une grande finesse visible devant les locaux de la Provence ; une reprise d’un dessin de Ingres visible au musée de l’inguimbertine. Né en 1973 à Bondy en banlieue parisienne, il écrit et scande des poèmes dans sa prime jeunesse. C’est ainsi que nait, par hasard, son pseudonyme : la musicalité « C215 » convient à ses oreilles, il l’adopte et en fait sa marque de fabrique.

Son maître mot : l’engagement
« Ce qui me porte, c’est l’engagement. L’engagement, à mon échelle, c’est adoucir la vie et la ville et faire en sorte que nous ayons des repères, des visages qui puissent nous inspirer et nous permettre de réfléchir à nos trajectoires ». Riche d’une culture populaire, il s’en réfère sur ce terrain à deux figures tutélaires, connues en leur temps pour leur engagement sans faille : Jean Gabin engagé en 1943 dans les Forces françaises libres et Daniel Balavoine dont on se souvient des interventions télévisées, entre autres face à François Mitterrand.

Fort de cette conviction qui l’habite, dans les jours qui suivent l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il se rend dès mars 2022 dans la région de Kiev pour y apposer ses œuvres sur les ruines laissées par l’attaque de l’armée moscovite. De-ci de-là, il plaque ses pochoirs afin d’apporter un peu de poésie et, qui sait, du répit à celles et ceux qui peut-être s’arrêteront sur ses œuvres colorées et apaisantes : un visage d’enfant, un couple d’amoureux, un oiseau, un clin d’œil à Eugène Delacroix avec sa liberté guidant le peuple… Autant d’images, d’évocation et de couleurs pour redonner souffle à un peuple dévasté.

C’est la même force qui l’habite lorsqu’il se rend dans les prisons de France et appose son univers sur les murs des prisons. Offrir, sa démarche est bénévole, une lucarne sur un autre monde que celui de l’univers carcéral aux détenus comme au personnel pénitentiaire, sans distinction. L’art à la portée de tous, la poésie pour chacun ; à discrétion… « Ces cinq dernières années, j’ai passé plus de temps en prison que dans la rue » dit-il.

Fasciné par le Caravage pour sa technique du clair-obscur, Banksy pour son talent de communicant ou encore Ben et son usage des objets, il reste marqué par l’exposition consacrée en 1994 au Cavalier Bleu, mouvement pictural avant-gardiste de la deuxième décennie du XX° siècle, porté par Franz Mark, Kandinski et August Macke. Il voue par ailleurs une admiration sans borne à Ernest Pignon-Ernest, précurseur français de l’art urbain qui compte désormais parmi ses amis.
Rompu à la technique du pochoir qu’il manie avec brio, il s’explique de cette démarche en ces mots : 
« Avec le pochoir, tout le travail préparatoire se fait chez soi et ça permet de réaliser des œuvres d’art élaborées assez rapidement et à peu près n’importe où, et en plusieurs exemplaires, avec la même qualité que pour une galerie d’art mais à la portée de tous. De plus ma démarche s’inscrit en profondeur et de façon pérenne pour toucher le plus de gens possible. »

Les questions mémorielles sont présentes dans ’essentiel de son œuvre. À ce titre, ce qui l’a le plus ému sont les échanges menés avec certaines familles de victimes du terrorisme : « l’accueil que ces gens ont réservé à ma démarche et surtout la douleur et la souffrance qui s’incarnent derrière les portraits m’émeuvent plus que tout. » 
Peintre de l’armée agréé, réserviste, chevalier de l’ordre national du mérite, Christian Guémy travaille en silence, et peut aujourd’hui  s’enorgueillir du fait que certaines de ces œuvres ont rejoint les collections du musée Carnavalet, qu’il a réalisé l’illustration de l’affiche du prix Samuel Paty ou encore que le Conseil de l’Europe lui a fait réaliser un timbre de service.

Sommaire