Le parcours muséal, une invitation au voyage… dans le temps.

Inguimbertine - Culture - Tourisme - Loisirs

Après être passé par l’accueil, où le visiteur aventureux aura admiré le jardin des religieuses sous la bienveillante protection du Mont-Ventoux au loin au travers de la verrière, on se laisse porter par cette mise en condition qu’est l’ascension de l’escalier de religieuses. On embarque volontiers pour cette exploration temporelle que constitue le parcours muséal.

Un premier espace

Un premier espace, dit le foyer, contextualise le site, le bâtiment, la fondation, et raconte ce que fut l’Inguimbertine, l’hôtel-Dieu et en quoi le voyage que l’on s’apprête à entamer répond fidèlement à la volonté de monseigneur d’Inguimbert. Passé le seuil, on est projeté aux origines de Carpentras, de l’époque romaine jusqu’à l’an mille. La lointaine mémoire, de pierre et d’histoire de notre belle cité. La déambulation chronologique s’amorce. On comprendra alors comment naquit dans le comtat Venaissin cette capitale, Carpentras, quels en furent les tenants et les aboutissants, pourquoi on y frappa monnaie, et comment la culture judéo-comtadine, au travers de fonds patrimoniaux et des objets d’art, amorçait alors l’écriture des grandes pages de l’histoire de la ville, de la renaissance à la révolution.

Une frise chronologique

Une frise chronologique de plus de vingt mètres accompagne le visiteur dans cette immersion historique et permet de remettre dans leur contexte les évènements qui firent date. Les trois espaces qui se succèdent nous mènent à la découverte des bienfaits qu’apportèrent les évêques humanistes italiens - d’Inguimbert, provençal, fit exception - au travers d’oeuvres, d’ouvrages et d’objets caractérisant le Carpentras d’alors, culturel et religieux. On y admire entre autres un Pietro de Cortone, peintre italien baroque, que peuvent nous envier les plus prestigieux musées. Viennent alors des épigraphes (Inscription placée sur un édifice) provenant des chapelles, églises et de la cathédrale Saint-Siffrein. C’est inédit, en effet, ces pièces jusqu’à présent conservées aux visitandines n’avaient jamais été exposées.

Une discrète coursive

Une discrète coursive nous entraine sur la droite, à la découverte de trésors religieux et artistiques de Carpentras qui furent des sources d’inspiration et d’apprentissage pour nombre de peintres et de sculpteurs qui se formèrent grâce à ce patrimoine. Des curiosités, témoins de la piété populaire, comme le culte à Saint Jean et Notre Dame de Santé, évoquent cette époque pieuse. Cachée dans un interstice, on devine la réserve visible de la multitude d’ouvrages écrits, accessibles sur demande, comme un sanctuaire protégé du savoir réuni par les multiples donateurs. Une fois encore le livre côtoie l’oeuvre d’art, nous sommes bien dans une bibliothèque musée !

Habité et nourri de ce riche passé,

Habité et nourri de ce riche passé, socle de la culture comtadine, l’heure est maintenant venue de s’immerger dans l’esprit de deux piliers incontournables de l’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu : la reconstitution des cabinets de monseigneur d’Inguimbert et de Casimir François Henri Barjavel. Dans une ambiance tamisée, on se laisse imaginer ce que furent les longues heures d’études, de lecture et d’écriture que vécurent ces grands Hommes. Un équipement multimédia nous ouvre les portes de leur savoirs accumulés. Privilégiés que nous sommes on se plait alors à feuilleter sur ces écrans les ouvrages les plus emblématiques de leurs collections qui en racontent tant sur leurs esprits aiguisés, leurs aspirations, leurs maîtres à penser, leurs réseaux…

La salle de repos, au-dessus du porche, sépare ces deux espaces, propice à la réflexion elle permet de passer tout en douceur de la philosophie des lumières de l’universalisme d’Inguimbert à la modernité teintée de tradition de Barjavel. On doit à ce célèbre Carpentrassien, médecin, homme politique, féru de bibliophilie et historien né le 4 avril 1803 la constitution d’un fonds considérable. Passionné par sa région natale et curieux de contrées lointaines comme de l’orientalisme naissant, son héritage nous entraîne dans les deux salles que constituent son cabinet. On se retrouve plongé dans ce XIXe siècle qui a vu naître le chemin de fer, l’émergence de l’industrie agro-alimentaire, les grands voyages et le maintien des traditions comtadines qui ont fait la spécificité de notre territoire.

Quittant ces espaces intimistes et feutrés

Quittant ces espaces intimistes et feutrés on est d’autant plus époustouflé par l’entrée dans la somptueuse salle des Beaux-Arts. D’un seul tenant et dotée de cloisons à mihauteur, elle offre au regard tout un panel d’oeuvres, peintures et sculptures. On y entre par l’espace « école de dessin » où des copies dont la vocation première était de servir d’exemple pour apprendre à dessiner, telle cette Joconde ou l’incroyable « Judith et Holopherne » copie d’un Rubens aujourd’hui disparu et dont il ne reste que deux copies au monde. Réalisée quelques années à peine après l’original, la récente restauration laisse éclater une palette de couleurs jusqu’alors insoupçonnée. Le cheminement se poursuit, on admire les oeuvres évoquant la mythologie, l’art religieux au travers de l’ancien et du nouveau testament, les scènes de genre, l’art animalier et des natures mortes dont l’ahurissante «Poissonnerie» de Frans Snyders. La section paysage avec notamment nombre de tableaux de Bidault, peintre carpentrassien de renom et grand prix de Rome, qui fut parmi les premiers à sortir de son atelier pour saisir in situ la magie des paysages. Les peintures flamande et italienne de cette époque y ont aussi leur place. Au détour d’une cimaise une curiosité : l’esquisse de l’Ange Déchu de Cabanel, qui inspire le plus grand nombre de tatouages au monde ! Tranquillement on parvient ensuite au naturalisme, mouvement intellectuel du XIXe siècle qui vit les peintures de Valernes côtoyer l’oeuvre de Balzac Zola, etc… On passe alors à Jules Laurens qui nous partage ses souvenirs de son voyage en Orient entre 1845 et 1849 et une partie de sa collection personnelle. Au détour de cette salle, on est saisi par les quatre monumentales toiles de l’art Qajar, la richesse des couleurs, la profondeur du regard. Une magnifique entrée en matière avant de partir voguer auprès des marines de Jospeh Eysséric, autre grand personnage Carpentrassien. La visite touche à sa fin, et ce sont les portraits réalisés par le plus célèbre des peintres natifs de Carpentras : Duplessis, qui nous accompagnent sous leurs regards bienveillants vers la sortie.

Ce n’est pas fini pour autant,

Ce n’est pas fini pour autant, la magie de la bibliothèque-musée, la seule de France, c’est que vous pourrez alors déambuler dans la médiathèque pour y admirer des tableaux du XXe siècle, de curieux instruments de musiques, le globe terrestre de Blaeu dont ne sont aujourd’hui visibles que 4 exemplaires à travers le monde, et bien d’autres surprises.

Carpentras magazine n°185 - Sommaire